lundi 23 avril 2007

Quelle logique pour le second tour ?

Cela fait longtemps que je la connais. X, traditionnellement, vote à droite. Parce que X est libérale, plutôt atlantiste, pense que la gauche verse plutôt dans l’assistanat tandis que la droite prône la responsabilité, la gauche le collectif et la droite l’individu. Ce sont là des motivations très classiques au vote de droite. Le 22 avril, X a néanmoins voté Bayrou. Pas par adhésion idéologique au centre : X n’est pas du genre à minauder. Ni par la peur de subir l’omerta germano-protaine taxant de fasciste toute personne s’avouant de droite. Non, définitivement, ce n’est pas le genre de X. Si X a voté au centre, c’est tout simplement parce qu’elle a pensé que Nicolas Sarkozy, parfois, s’était laissé aller à de fâcheux commentaires. Qu’elle ne goûte pas franchement cette idée du ministère de l’identité nationale. Qu’elle pense qu’une trop grande proximité sémantique est parfois à déplorer entre les mots NS et ceux de l’extrême droite. Qu’elle trouve que l’ex ministre de l’Intérieur a trop versé dans la provocation dans son traitement des banlieues, alors qu’écoute et réflexion s’imposaient.

Pour le second tour, X ne pourra plus voter François Bayrou. Il lui reste donc Ségolène Royal, dont elle en partage aucune des idées, et Nicolas Sarkozy, dont elle en partage certaines (un peu) tout en en rejetant (beaucoup) le style. X, aujourd’hui swing voter par la force des choses, a en fait se sens même du scrutin dans ses main : logique majoritaire ou plébiscitaire (distinction développée avec brio par Olivier Duhamel ce matin sur France Culture). Car c’est la beauté / perversion de notre élection présidentielle : les deux sont possibles.

Si X vote avec son camp, elle votera à droite. Pure logique majoritaire : repli au second tour sur le candidat du courant idéologique le plus proche, i.e. la droite républicaine. Imparable. Oui, mais voter à droite, le 6 mai, c’est voter Nicolas Sarkozy. Aïe.

Si X fait le choix inverse, elle votera Ségolène Royal. Pure logique plébiscitaire : élimination d’un candidat dont les prises de positions sont jugées incompatibles avec la dignité de la fonction présidentielle, et donc vote « par défaut » (connaissant X, ce ne sera pas par adhésion) pour l’autre candidat. Oui, mais voter pour Ségolène le 6 mai, c’est voter pour le PS. Aïe.

X va donc devoir réaliser un arbitrage délicat : voter pour un parti qu’elle juge archaïque mais une candidate dont elle ne pense rien de bien si ce n’est qu’elle n’est pas Nicolas Sarkozy, ou voter pour sa tendance politique mais en même temps sembler « valider » le choix de fermeture fait par son candidat sur les thématiques sécuritaires, identitaires, et relatives à l’immigration ? Cet arbitrage, c’est celui de la nature même du scrutin : le 6 mai, X tranchera entre deux conceptions de l'élection présidentielle, entre deux visions du rôle de chef de l'Etat dans la République, entre De Gaulle et Mendès. Encore une fois, je connais bien X : au moment du choix, elle ne tergiversera pas. Et ce choix, elle l’assumera.

PS : pour des raisons de préservation de l’anonymat, j’ai décidé de considérer que X comme appartenant à la gente féminine. X existe vraiment, mais le choix du genre a été fait arbitrairement par l’auteur à fins de préservation de l’anonymat de X. Les commentaires visant à révéler l’identité de X sans son consentement seront modérés.
PPS : je ne suis pas X

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Je conseillerai à X de se rapeller qu'il s'agit d'une élection présidentielle. Et que pour choisir elle ferait mieux de revenir aux fondements premiers de cette fonction. Garant des institutions, sécurité nationale,International, Cohésion nationale, Représentativité ...

Ségolène apparait plus a-même de tenir ces fonctions (indépendamment de toutes références aux programmes législatifs) qu'un petit excité adepte de la provocation verbale et des pentes dangereuses et risquant de couper la France en 2.
(Bien sûr cela suppose que X ne soit pas anti-Ségo notoire juste parce qu'elle n'est pas "bonne à la tribune" ..)

Anonyme a dit…

Ségo, la mieux à même de peser à l'international ? Laissez-moi rire : si X accorde de la valeur à la cohérence, elle doit choisir Sarko !

Anonyme a dit…

Les commentaires laissés sur le blog n'aident pas beaucoup X à mon avis. Il ne lui reste plus qu'à suivre avec attention la campagne du deuxième tour et écouter le seul débat qui aura lieu le 2/05! Le choix est cornélien: voter à droite, c'est respecter ses orientations historiques et risquer de devoir assumer une dérive complète du peut-être futur président mais voter à gauche c'est renoncer à ses convictions et voter par dépit...

Anonyme a dit…

Dans le genre de choses qui sans doute n'aideront pas beaucoup X mais qui sont un peu ma vision de ce choix difficile : il est certain qu'il faudra écouter/suivre le débat du 2 mai et la campagne d'entre les deux tours. Toutefois on risque d'entendre beaucoup de choses des deux côtés à la limite du contradictoire. Je note au passage que de tous les reproches faits à Bayrou celui-ci peut aussi être faits aux deux autres : certes ils sont en tête mais la majorité pour gouverner il va falloir la créer. Que ce soit à droite où NS devra aller récupérer des voix centristes mais aussi des extrêmes qu'à gauche où il faut faire cohabiter la gauche de la gauche de tout genre avec la social-démocratie et le centre droit. C'est déjà pas simple mais bon pour SR la gauche de la gauche joue sur l'anti-sarko, donc sur le côté plébiscite. Pas sûr que ce soit le bon calcul pour ramener le centre... d'autant plus que NS se pose du coup en victime (mais bon après son discours façon Abbé Pierre ou Jésus-Christ, après tout...) Voter contre ses orientations historiques et par dépit ce serait a priori en gros considérer que NS est un danger aussi grand que Le Pen en 2002. J'espère sincèrement que ce n'est pas le cas mais certains faits (et pas la diabolisation bête et méchante) laissent tout de même perplexes... L'autre chose à prendre en compte peut-être est aussi la capacité à gouverner. A priori, SR part plutôt battue de ce côté-là... mais tout de même, quel est le bilan de NS ? Pas vraiment positif non pour un gars du gouvernement en place. Sa capacité à réformer ? Sans doute une grande volonté, mais il vaut mieux réformer dans le consensus que par le passage en force (pure question pratique). SR pourra-t-elle le faire de son côté ? Son programme a pointé certaines choses que le PS avait un peu tendance à mettre de côté. C'est déjà qqch. L'importance du score de Bayrou laisse espérer aussi non pas forcément une alliance claire (pas sur qu'il faille le souhaiter) mais une obligation pour SR de prendre en compte la tendance réformiste de son parti. Dans les deux cas, qq soit le président, pour notre pays, j'espère que les deux finalistes ne se limitent pas à l'image qu'ils ont véhiculée pendant toute cette campagne...

Anonyme a dit…

Bon d'ailleurs j'ai pas résolu le problème...

Anonyme a dit…

ben on verra bien. Dans tous les cas, qq le futur président faudra bien faire avec et respecter le choix démocratique. Tout de même, si c'est NS (mais SR aussi après tout) je me permettrai de regarder attentivement la manière de faire et si trop de choses passent en force sans vrai débat au parlement, j'irai dire ma désapprobation dans la rue, car la démocratie, le premier à devoir la respecter c'est le président
PS : vous remarquez le style de la dernière phrase ? On peut tous le faire...

Anonyme a dit…

Finalement, c'est la situation dans laquelle étaient beaucoup d'Américains et d'Italiens quand ils ont voté Bush ou Berlusconi, et ont été si véhémentement critiqués par une très large majorité des Français.

Il faut commencer par balayer devant sa porte comme on dit...

Anonyme a dit…

Et pourquoi X ne devrait-elle pas voter blanc ? Ségo est archi-nulle, Sarko potentiellement fou. Laissons les autres décider et attendons les législatives

Anonyme a dit…

le vote blanc peut être tentant, mais n'est-il pas un peu dangereux ? Je m'explique : je m'interroge sur ce qu'on dit de la dynamique de l'élection, à savoir que plus la majorité du président est forte, plus le nombre de places donné à son camp aux législatives est important pour lui donner les moyens d'appliquer son programme. Je ne sais pas si c'est vrai, toujours vérifié, mais en tout cas, c'est pour moi à étudier car a priori les gens comme X doivent voter non pas pour donner tous les moyens à un des deux finalistes d'appliquer aveuglément ce qui lui va, mais l'obliger sur chaque proposition à avoir un vrai débat au parlement; par vrai débat j'entends une discussion constructive où quelqu'un qui a des arguments contre ou pour faire évoluer un projet de loi ne se taira pas, ne votera pas le projet en l'état même s'il est proposé par son camp. A priori, chaque député peut se comporter ainsi, mais on a vu/entendu déjà des députés dire "je ne suis pas d'accord mais comme je suis dans la majorité je voterai pour". C'est alors que le parlement ne joue plus son rôle. Du coup, ne vaut-il pas mieux que la majorité pour le président soit plutôt faible que forte afin de permettre de ne pas écraser par une couleur politique le parlement ? (ceci si on suppose que l'argument de la dynamique est valable...)